Posé sur le buffet, un cliché noir et blanc,
Vestige d'un passé au sourire accueillant,
Qu'un homme dictateur guidé par la folie,
A au nom d'une race à jamais démoli.
Quand furent déportés les hommes de sa vie,
Elle fut terrifiée d’assumer sa survie,
Parquée dans un wagon aux sombres destinées,
Une étoile brodée sur un haut chiffonné.
Chaque matin le froid venait lui rappeler,
Que la vie résistait dans ses membres gelés,
Mais les cris étouffés des femmes torturées,
Lui chuchotaient tout bas que son heure viendrait.
Afin que son esprit survive à la douleur,
Elle se raccrochait aux cimes du bonheur,
Gravies dans le passé auprès de sa famille,
Lorsqu’elle avait le choix d'être une petite fille.
Loin des camps nauséeux ses rêves la portaient,
Où elle osait prier sans cacher sa fierté,
Où sa rage de vivre avait raison du pire,
Lui ouvrant les sentiers d'un tout autre avenir.
De l'instant capturé avant cette infamie,
Il ne reste plus rien qu'une femme endormie,
Qui garde à tout jamais au fond de sa mémoire,
Les traces d’un moment sombre de notre histoire.
© GD – 01/2011